Bonsoir,
tout d'abord, quelques précisions : ces quelques infos émanent de mes recherches réalisées dans la littérature scientifique disponible sur le sujet et dans ma bibliographie, je n'ai donc pas la prétention de m'attribuer ces quelques données............de ce fait, je cite le nom des auteurs lorsque je reprends en totalité quelques citations de leurs écrits.
Tout d'abord, Macrorhabdus ornithogaster, la levure responsable de la mégabactériose peut se retrouver à l'autopsie chez différentes espèces d'oiseaux sans qu'une proventiculite soit associée, suggérant que des facteurs favorisant seraient nécessaires au déclanchement de la maladie ( Antinoff et al., 2004), actuellement, on considère M. ornithogaster plutôt comme un agent pathogène opportuniste qui devient virulent lorsqu'une autre maladie ou de mauvaises pratiques de gestion ont déjà affaibli l'animal, le rendant plus vulnérable (Walker 2002).
Le stress, les affections intercurrentes, l'âge de l'oiseau, les perturbations de la flore digestive, les prédispositions génétiques des espèces affectées sont les facteurs impliqués dans l'expression de maladie opportunistes les plus connus chez l'oiseau (Bauck 1994. Marchon 2003, André 2005). Tous n'ont cependant pas été démontrés jouer un rôle dans le déclenchement de mégabactériose.
On suspecte l'usage des antibiotiques à l'aveugle comme pouvant entrainer des perturbations de la flore digestive avec des conséquences parfois très graves chez certains individus. Certains traitements antibiotiques inconsidérés peuvent faire le lit d'une colonisation fongique (levure) et donc favoriser le développement pathologique de Macrorabdus ornithogaster chez des oiseaux déjà porteurs ( Jansson et al., 2008; Silva et al., 2014).
Macrorabdus ornithogaster se transmet essentiellement par voie oro-fécale, les oiseaux malades sont excréteurs dans leurs selles et constituent une source de contamination potentielle (Phalen et Moore 2003), il n'y a pour le moment aucune preuve scientifique qu'une transmission verticale soit possible, il semblerait qu'une transmission pseudo-verticale via l'alimentation des oisillons par régurgitation soit un des moyens de transmission les plus fréquents avec la contamination oro fécale (Moore et al., 2001). Chez les passereaux, lorsqu'une perte de poids a eu lieu, la guérison spontanée est généralement peu probable (Filippich et parker 1994).
Si l'on revient sur le milieu favorable à la prolifération de la levure incriminée, selon Hannafusa et al., 2007, les valeurs de pH optimales pour leur croissance en milieu liquide semblent se situer entre 3 et 4.[i]l semble qu'une grande partie de la virulence de cette levure réside dans sa capacité à perturber le pH gastrique,. On pense que l'organisme est capable de réduire la production d'acide chlorhydrique dans le proventricule en modifiant le fonctionnement des glandes sécrétrices, rendant ainsi l'environnement plus basique ce qui perturbe le processus de digestion(Van Herk et al., 1984 ; Werther et al.,2000 ;Gerlach 2001; Sakas 2002).
Chez les canaris, il a été constaté que le pH de proventicule d'oiseaux sévérement infectés était de l'ordre de 7-7,3 contre 0,7-2,4 chez des oiseaux sains (Van herck et al., 1984).
Traitements :
en cas de mégabactériose suspectée ou avérée, l'emploi d'antifongiques constitue le meilleur choix, il faut associer l'acidification du proventicule par le biais d'une acidification de l'eau de boisson associée à une complémentation en probiotiques, ceux ci produisant de l'acide lactique contribue à l'acidification du système digestif.
Parmi les quelques antifongiques utilisés et fiables (certains se révèlent toxiques et ne sont donc pas utilisés) :
chez le chardonneret la Nystanine a été utilisée avec succès à raison de 5 000 000 UI (unités internationales) par litre d'eau de boisson pendant 10 jours (Filippich et Parker., 1994)
chez le canari à 0,1 ml (soit 10 000 UI ) par oiseau pendant 7 jours (Saulion 2004)
L'amphotéricine (Fungizone) a été utilisé en gavage (psittacidés) et s'est révélé efficace mais des récidives et des résistances ont été constatées, utilisé de façon prolongée ce produit présente des risques de toxicité rénale (André J.P).
Le Fuconazole (Triflucan) à dose élevée, semble efficace, distribué pendant plus d'1 mois, il agit également sur la candidose (André J.P).
les traitements précités ont concerné des oiseaux en début de maladie, l'acidification de l'eau de boisson peut être assurée par le biais de vinaigre 15 ml / litre jusqu'à (selon certains auteurs) 120 ml / litre d'eau de boisson !
l'acide citrique peut convenir, vendu librement sous la forme d'une poudre blanche et utilisé à raison de 3 grammes dans 4,5 - 6 litres d'eau.
L'acide chlorhydrique convient également (esprit de sel) avec tous les risques liés à son utilisation (brûlures, vapeurs nocives). La distribution de probiotiques contribue également à l'acidification (lactobacillus acidophillus).
Les anti-fongiques cités précédament demeurent des produits soumis à prescription vétérinaire et leur dosage doit être précisé par un vétérinaire !! il est fortement déconseillé de jouer aux apprentis sorciers, nos souches d'oiseaux sont suffisamment fragilisées par la distribution inconsidérée d'anticoccidiens, d'antibiotiques et autres joyeusetés !!
La santé de nos protégés passent avant tout par une nourriture équilibrée et l'absence de stress en offrant suffisamment d'espace, d'accès aux points de nourrissage pour limiter la compétition, un éclairage qui respecte le cycle des saisons, pas de surpopulation, une hygiène des locaux et du matériel, des possibilités de se cacher pour les oiseaux détenus en volière ect.............autant de paramètres qui lorsqu'ils ne sont pas mis en oeuvre sont précurseur de stress, lequel contribue grandement à fragiliser les oiseaux et les rendre plus réceptifs à la mégabactériose.
Voili voilou