En 2015, parmi mes petits corbeaux pie, j’en ai un qui ne grandit pas normalement, très vite je me rends compte qu’il a un problème de santé, plus petit que ses frères, je pense d’abord que les parents ne le nourrissent pas correctement, donc je fais comme d’habitude, je le sors du nid afin de l’élever à la main, mais je m’aperçois que les fientes ne sont pas correctes, je le traite contre la coccidiose et les choses ont l’air de rentrer dans l’ordre, mais la suite me fait constater que son problème a laissé des séquelles, il ne se tient pas debout, malformation des pattes, de plus la couleur de son plumage n’est pas normale non plus, il a du blanc dans les rémiges des ailes, par contre très proche de moi, dès qu’il me voit, il m’appelle et me fait la fête.
Alors se pose la grande question, que faire d’un oiseau handicapé, il ne volera sûrement pas, ne marchera pas, pourra t’il se nourrir seul et de plus il sera dépendant d’un humain toute sa vie. La question de cette vie m’a beaucoup préoccupé, je suis incapable de tuer un oiseau et d’autant plus qu’il est très attachant.
J’ai donc décidé de tout faire pour améliorer son état, ce que je ne savais pas c’est que cela allait prendre 8 mois. J’ai commencé par protéger ses pattes avec des bandes, puis j’ai utilisé des tubes en caoutchouc (pression à air) avec lesquels j’ai gainé ses pattes, et avec du fil en cuivre (ligature bonsaï) j’ai utilisé mes talents de bonsaïka pour ligaturer le tout avec ses doigts compris et dans la bonne position, je refaisais cette opération tous les 4 à 5 jours, mon plus gros souci « ne pas le blesser »
Pour pouvoir le soigner régulièrement il ne m’a jamais quitté, je suis parti en vacances au Cap Ferret pendant huit jours avec mon corbeau dans les bagages, puis un mois plus tard re-huit jours de vacances et toujours avec mon corbeau, même au barbecue d’Eurobird 2015 en Belgique j’avais mon corbeau avec moi.
Au fil du temps j’ai commencé à avoir des résultats, il se tenait debout, marchait, mais à 5 mois je le nourrissais toujours à la main, bien qu’il soit capable de s’alimenter tout seul, il était demandeur.
Il avait pris l’habitude de me voir le soigner et il se laissait faire, si ses pattes fonctionnaient j’avais quelques difficultés avec certains de ses doigts qui ne restaient pas en place et reprenaient leur position déformés. Mais malgré tout il faisait des progrès énormes, j’ai fini par le mettre dans ma serre afin qu’il soit à l’abri et qu’il puisse s’entrainer à voler. Voilà il a sa cage avec la porte ouverte dans la serre qui est ouverte aussi, il vole, se tient sur les perchoirs et lorsque avec mes amis l’on travaille les bonsaïs, il participe malgré ses doigts tordus cela ne pas le dérange pas. Ce qu’il aime c’est sortir de la serre et trouver un endroit ensoleillé au milieu des bonsaïs, pour s’y allonger les ailes écartées, il est très joueur, et quand mes petits enfants sont présents c’est la fête, cela doit lui rappeler les vacances en bord de mer avec eux, incapable de se déplacer à l’époque, ils lui faisaient visiter le jardin dans une boite en carton et participer a leurs jeux malgré tout.
Aujourd’hui il est en pleine forme, lors de sa mue son plumage a pris une couleur normale, il va se promener relativement loin, mais dès que je l’appelle il rentre, il y a quelques jours il s’est fait attaquer par quatre corneille noires, heureusement je n’étais pas trop loin ses appels m’ont vite fait comprendre qu’il y avait un problème, et mon intervention lui a sûrement sauvé la vie. Pourtant il n’a peur de rien, mes oies reculent devant lui, même les dindons s’écartent lorsqu’il arrive. Il fait régulièrement le tour des volières en rendant visite aux autres corbeaux, parfois ça discute ferme.
Quand j’arrive dans ma serre et qu’il est en balade, je l’appelle et c’est un vrai plaisir de le voir arriver et se poser sur mes chaussures.
Si sur les premières photos l’on voit bien qu’il n’est pas en forme, oiseau frêle, plumage pas très beau et terne, sur les dernières photos, l’on voit un corbeau dans toute sa splendeur, me faisant comprendre qu’il est l’heure de préparer « le repas » me ramenant un gant que j’ai laissé tomber, une souris qu’il a attrapé ou tout simplement jouant dans la prairie avec un morceau de bois et puis les photos en plein vol (difficile à prendre) lorsqu’il arrive après l’avoir appelé. (photo n°1 sa sœur championne de France)
Ma grande peur, ne pas le voir revenir un jour, accident, prédateurs, chasseurs, mais je ne veux pas le fermer dans une volière et suis donc dans l’obligation de prendre ce risque.
Voilà l’histoire d’Handy, un corbeau pie pas comme les autres, qui n’a peur de rien et d’une intelligence hors norme.