Merci pour votre explication voici ce que j'ai trouvé dans " la couleur des oiseaux et ses mystères " de Mr Maurice POMAREDE
" Les couleurs des oiseaux half-siders.
Les oiseaux dits half siders sont une curiosité d'élevage, et leur étude s'est donc faite à partir des élevages. Ils sont méconnus des ornithologues qui cependant ont signalé dans quelques ouvrages, la présence dans la nature, de curieux oiseaux dont le plumage était mâle d'un côté du corps et femelle de l'autre. C'est ainsi qu'on a pu voir un bouvreuil pivoine dont la poitrine était rose vif d'un seul côté. Cette particularité qualifiée de gynandromorphisme est rarissime dans la nature, mais connue des éleveurs et une étude systématique a montré qu'elle pouvait s'observer chez de nombreuses espèces et qu'elle ne se limitait pas au sexe. En effet, les croisements entre deux variétés de couleurs différentes peuvent donner des individus présentant de part et d'autre du corps les deux phénotypes des parents. C'est ainsi que l'on a pu observer des perruches ondulées bleues d'un côté du corps et vertes de l'autre, ou bien mi-grises, mi-bleues ; des canaris blancs d'un côté, jaunes (ou rouges) de l'autre ; des Inséparables (Agapornis) mi-mauve, mi-bleus ; etc. Plus curieux sont les canaris dont la huppe ne concerne qu'une moitié de la tête, ou ces diamants de Gould qui cumulent quatre particularités différentes : poitrine mi-blanche, mi-violette, masque mi-rouge, mi-noir. De tels oiseaux ont été appelés half-siders par les éleveurs anglais ("deux moitiés côte à côte") ; en France, on les a appelés "panachés symétriques".
Le gynandromorphisme a été observé chez des papillons et en laboratoire chez des drosophiles. L'éminent généticien T .H. MORGAN a expliqué le phénomène par une répartition anormale des chromosomes sexuels, lors de la première division d'un reuf. Chez le drosophile le sexe est déterminé par la présence d'hétérochromosomes X et Y, le mâle ayant XY et la femelle XX. Ceux-ci forment une paire et normalement, dans un reuf, la paire XY se divise pour donner XXYY se répartissant en XY et XY dans les deux cellules-filles. Mais un accident peut se produire et on peut obtenir XX et yY, le couple yY non viable est alors remplacé par un couple XY, d'où deux phénotypes, l'un femelle, l'autre mâle, qui vont se juxtaposer. La symétrie fondamentale de l'organisme les répartit de part et d'autre du corps.
Chez les oiseaux (tout comme chez des insectes), le sexe est également déterminé par des hétérochromosomes, mais chez eux, c'est la femelle qui a deux hétérochromosomes différents Z et W, dont la répartition anormale entraîne le gynandromorphisme. Dans le cas plus général des half-siders, c'est également une répartition anormale d'un couple de chromosomes qui est en cause. Ainsi en croisant une perruche bleue (mutée) avec une perruche verte (type sauvage), on peut obtenir des half-siders mi-verts, mi-bleus. Cela suppose que les deux moitiés du corps ou du moins de la peau relèvent de gènes différents. Supposons que la couleur verte soit due à un gène y dominant et la couleur bleue à son allèle récessif b. Les embryons issus du croisement d'une perruche verte et d'une perruche bleue recevront le couple de chromosomes Yb et donneront des perruches de couleur verte mais porteuses de bleu sauf si ce couple Yb se divise anormalement ! Il peut en effet donner YY et bb et on aura de part et d'autre du corps deux couleurs différentes... La rareté des half-siders montre qu'il y a normalement un contrôle embryonnaire qui élimine les anomalies, mais qu'une défaillance de ce contrôle est possible.
Certaines mutations de couleur sont liées au sexe, par suite, le gynandromorphisme peut s'accompagner de la coexistence de couleurs différentes. Ainsi un diamant de Gould peut être mi-mâle, mi-femelle et présenter un masque mi-rouge, mi-noir. Chez cet oiseau, le sexe se lit sur le plumage : le mâle, de type sauvage, a une poitrine violette, la femelle une poitrine mauve, de plus chez celle-ci la séparation entre la couleur de la poitrine et celle du ventre est assez confuse alors qu'elle est très nette chez le mâle. Très exceptionnellement deux couples de chromosomes différents peuvent être concernés. C'est ainsi qu'en France est apparu un diamant de Gould à tête mi-rouge, mi-orange, et mâle à gauche, femelle à droite ; cet oiseau a peu vécu mais il a pu être autopsié. En Espagne c'est un gould à poitrine mi-blanche, mi-mauve et tête mi-noire, mi-rouge qui est apparu. Chez ces deux oiseaux, deux couples de chromosomes étaient concernés, l'un étant le couple déterminant le sexe mais aussi la couleur du masque, l'autre portant les gènes commandant la couleur de la poitrine.
Intérêt
Contrairement à ce que l'on peut croire, l'intérêt des oiseaux half-siders est exceptionnel. D'abord par le fait que les oiseaux sont les seuls vertébrés à présenter cette anomalie. Bien qu'il existe en élevage, notamment chez des reptiles, des mutations de la couleur, aucun serpent, aucun lézard n'ont présenté ce phénomène, qui ne s'observe d'ailleurs, ni chez les chats, ni chez les chiens. Le contrôle embryonnaire évoqué plus haut serait particulier aux oiseaux et en rapport avec l'importance prise chez eux par le plumage.
L'existence des half-siders est une confirmation de la théorie chromosomique de l'hérédité. Elle contribue à la connaissance de la génétique du plumage des oiseaux de cage. Les caractères concernés dépendant d'allèles (variantes d'un même gène), et les cas les plus complexes permettent de repérer des liaisons entre gènes. Ainsi chez le gould, la couleur du masque est liée au sexe mais pas celle de la poitrine. Chez la perruche ondulée, on constate que la même paire de chromosome porte les gènes intervenant dans l'apparition de la couleur de fond : le vert. Il s'agit des gènes commandant le dépôt du caroténoïde, la mise en place de la microstructure source du bleu, le déroulement de la mélanisation, le dosage mélanine noire/ mélanine brune aussi bien dans les barbes (facteur violet) que dans les barbules (facteur foncé).
Le fait que chez un half-sider bicolore, comme la perruche ondulée mi- verte, mi-bleue, la séparation entre les deux couleurs soit imparfaite, montre qu'une migration de cellules cutanées en dehors de la limite normale est possible. Cela confirme ce que l'on savait sur les migrations cellulaires au cours de la croissance d'un individu. "